La musique sacrée si noble et délicate rehausse la splendeur de la célébration du culte divin et développe plus sûrement la vie spirituelle des fidèles. L’art religieux est voué à Dieu, à sa louange et à sa gloire puisqu’il n’a pas d’autre but que d’aider les fidèles à élever pieusement leur esprit et leur âme vers Dieu. La Polyphonie sacrée contribue puissamment à la magnificence du culte divin et beaucoup de chants polyphoniques, surtout ceux qui ont été composés au XVIe siècle, brillent d’une telle pureté artistique et d’une telle richesse de mélodies qu’ils méritent à tous égards d’accompagner les rites sacrés de l’Eglise.
De très nombreux compositeurs ont écrit de la musique religieuse, mais nous avons choisi de privilégier ceux exprimant avec adresse, élégance et bonheur, grâce aux couleurs, aux lignes, aux sons et à l’harmonie, ces vérités, cette piété qu’ils pratiquaient. Cet exercice sacré de leur art était pour eux-mêmes une sorte d’acte de culte et de religion.
Palestrina, libre créateur, enveloppe ses motets d’images destinées à en illustrer ou à en renforcer les intentions. Victoria, moins fécond mais tout aussi remarquable que Palestrina, peut être considéré comme le plus grand polyphoniste espagnol. Viadana, franciscain italien, ne composa presque qu’exclusivement de la musique sacrée. Grégor Aichinger, qui était prêtre, fut élève de Roland de Lassus et contribua grandement à répandre la mode de la basse continue. Joseph Haydn, débuta à Vienne comme petit chanteur d’où la place assez considérable de la musique vocale sacrée dans l’ensemble de son œuvre. Descendant d’une vieille famille de paysan de Haute-Autriche, Anton Bruckner hérita de ses ancêtres une foi simple et robuste que l’on ressent fortement dans ses admirables motets. De Schubert, pas si romantique que l’on veut bien le dire, nous chanterons le sublime « Salve Regina » à l’atmosphère aérienne et surnaturelle d’une grande force.
Enfin Charles Gounod, qui aurait aimé être prêtre et qui signait ses lettres « l’abbé Gounod » a écrit de nombreuses messes et motets très imprégnés d’un profond sentiment religieux.
Ces motets ont été enregistrés
Consultez la rubrique « Discographie »
REGINA CAELI Aichinger (1564-1628) Liturgie des complies
Regina caeli, laetare, alleluia : quia quem meruisti portare, alleluia :
resurrexit, sicut dixit, alleluia : ora pro nobis Deum, alleluia.
Reine du ciel, réjouissez-vous, alléluia ; car celui que vous
avez mérité de porter, alléluia, est ressuscité
comme il l’avait dit, alléluia. Priez Dieu pour nous,
alléluia.
O JESU CHRISTE de Van Berchem (16e siècle)
O Jesu Christe, miserere mei quum dolore langueo. Domine, tu es spes mea,
clamavi ad Te, miserere mei.
Jésus, mon doux Christ, ayez pitié de moi. Au sein de
ma douleur, Seigneur, vous êtes mon espérance. A vous
mon cri : ayez pitié de moi.
O VOS OMNES Victoria (1548-1611)
O vos omnes qui transitis per viam attendite et videte si est dolor similis
sicut dolor meus. Attendite universi populi et videte dolorem meum.
O vous tous qui allez par le chemin, attendez et voyez s’il existe une
douleur semblable à la mienne. Attendez, peuples de l’univers
et voyez ma douleur.
EXULTATE JUSTI Viadana (1564-1627) Ps 32
Exultate Justi in domino, rectos decet collaudatio. Confitemini Domino in
cithara, in psalterio decem chordarum. Psallite illi, cantate ei
canticum novum, bene psallite ei in vociferatione.
Criez de joie, justes, pour le Seigneur ; aux hommes droits sied la
louange. Célébrez le seigneur sur la lyre, jouez pour
lui sur la harpe à dix cordes. Chantez pour lui un cantique
nouveau, accompagnez bien l’acclamation.
O SACRUM CONVIVIUM Viadana (1564-1627) Chant au St Sacrement
O sacrum convivium in quo Christus sumitur ! recolitur memoria
passionis ejus ; mens impletur gratia et futurae gloriae nobis pignus
datur. Alleluia !
O banquet sacré où l’on reçoit le Christ ! On
célèbre le mémorial de sa passion, l’âme
est remplie de grâce et, de la gloire future, le gage nous est
donné. Alléluia !
SICUT CERVUS Palestrina (1525-1594) Liturgie du Samedi Saint
Sicut cervus desiderat ad fontes aquarum, ita desiderat anima mea ad te,
Deus.
Comme le cerf aspire après l’eau vive, ainsi mon âme aspire
après le Seigneur.
AVE MARIA Victoria (1548-1611)
Ave Maria, gratia plena Dominus tecum benedicta tu in mulieribus et
benedictus fructus ventris tui Jesus Christus. Sancta Maria, mater
Dei, ora pro nobis peccatoribus nunc et in hora mortis nostrae. Amen.
Je vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous
êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus le
fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, mère de
Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à
l’heure de notre mort. Ainsi soit-il.
CARO MEA Mathieu Gascogne (16e siècle) Liturgie de la fête Dieu (St Jean 6,56)
Caro mea vere est cibus. Et sanguis meus vere est potus : qui manducat
carnem meam et bibit meum sanguinem in me manet et ego in illo. Sicut
misit me vivens Pater, et ego vivo propter Patrem, et qui qui
manducat me, et ipse vivet propter me.
Ma chair est vraiment une nourriture et mon sang est vraiment une
boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et
moi en lui comme est vivant le Père qui m’a envoyé, et
comme je vis en lui et par lui. Ainsi, celui qui se nourrit de moi,
vivra de ma vie.
O MAGNUM MYSTERIUM Victoria (1548-1611)
O magnum mysterium et admirabile sacramentum, ut animalia viderent
dominum natum jacentem in praesepio. O beata Virgo, cujus viscera
meruerunt portare Dominum Jesum Christum alleluia.
O grand mystère et admirable sacrement où les vivants voient le
Seigneur nouveau-né couché dans une étable. O
bienheureuse Vierge dont les entrailles ont mérité de
porter le Seigneur Jésus Christ, alléluia.
SALVE REGINA Joseph Haydn (1732-1809) Liturgie des Complies
Salve Regina mater misericordiae : vita, dulcedo, et spes nostra, salve. Ad
te clamamus, exsules filii Hevae. Ad te suspiramus, gementes et
flentes in hac lacrimarum valle. Eia ergo, advocata nostra, illos
tuos misericordes oculos ad nos converte. Et Jesum, benedictum
fructum ventris tui, nobis post hoc exsilium ostende. O clemens : o
pia : o dulcis virgo Maria.
Salut, ô Reine, Mère de Miséricorde, notre vie, notre
douceur et notre espoir, salut ! Vers vous montent nos cris d’exilés,
de fils d’Eve. Vers vous s’élèvent nos soupirs, nos
gémissements et nos pleurs, en cette vallée de larmes.
De grâce donc, ô notre Avocate, tournez vers nous vos
yeux si compatissants, et après cet exil, faites nous voir
Jésus, le fruit béni de votre sein. O clémente,
ô bonne, ô douce Vierge Marie.
SANCTI DEI Michael Haydn (1737-1806)
Sancti Dei omnes intercedere dignemini apud Eum, qui vos elegit pro nostris
necessitatibus, ac nostra omniumque salute.
Tous les Saints de Dieu, daignez intercéder auprès de Lui
qui vous a choisis pour nos besoins et pour notre salut et celui de tous.
AVE MARIA Anton Bruckner (1824-1896)
Voir plus haut
SALVE REGINA Franz Schubert (1797-1828) Liturgie des Complies
Voir plus haut
LOCUS ISTE Anton Bruckner (1824-1896) Liturgie de la Dédicace
Locus iste a deo factus est, in aestimabile sacramentum irreprehensibilis
est.
Ce lieu a été fait par Dieu, inestimable mystère, il est
irréprochable.
INVIOLATA Charles Gounod (1818-1893)
Inviolata, integra et casta es, Maria, quae es effecta fulgida caeli porta. O
Mater alma Christi carissima, suscipe pia laudum praeconia. Te nunc
flagitant devota corda et ora : nostra ut pura pectora sint et
corpora, tua per precata dulcisona, nobis concedas veniam per
saecula, o benigna ! O Regina ! O Maria ! Quae sola inviolata
permansisti.
Vous êtes sans tache, chaste et virginale, ô Marie. Vous êtes
devenue la porte éclatante du Ciel. O sainte Mère du
Christ, qui nous êtes si chère, recevez la pieuse
louange de nos chants. Nos coeurs et nos lèvres vous prient
avec dévotion pour que soient purs nos corps et nos âmes.
Par vos prières si douces, obtenez-nous le pardon pour
l’éternité. O très bonne, ô Reine, ô
Marie, qui, seule, êtes demeurée sans tache !
Merci à deux anciennes de la manécanterie pour les traductions Latin-Français !